Reconstruire l’USFP: en 2003 déjà!

Il y a de cela exactement quatre ans, le 28 novembre 2003, après le retrait de Youssoufi de la vie politique, les membres du Bureau politique d’alors avaient décidé de confier la direction de l’USFP à son adjoint qui a été élu ensuite à ce poste lors du 7ème Congrès.

La nouveauté dans ce changement résidait dans le fait qu’il a été accompagné d’un document énumérant les problèmes et mettant l’accent sur les décisions à prendre. Il s’était agi, en fait, d’un contrat en bonne et due forme .

Les observateurs avisés se souviendront que l’élaboration de ce document avait pris beaucoup de temps, fait couler beaucoup d’encre et nécessité des semaines de tractations.

Aujourd’hui, quatre années donc après l’adoption de ce document, il n’est pas inutile de le relire pour mesurer le chemin parcouru sous le leadership qui était censé le mettre en œuvre.

Or il n’est pas difficile de constater que les maux diagnostiqués persistent encore, aggravés même par le score obtenu lors des élections du 7 septembre et par la gestion de la participation à l’actuel gouvernement. Que ce soit au niveau organisationnel, au niveau du rayonnement, ou de l’impact sur la vie politique nationale, le parti n’a pas résolu les problèmes que cette feuille de route avait soulevés, malgré l’espoir qu’elle avait suscité.

Mais cette situation pousse à poser une autre question : quelle valeur, quelle crédibilité attribuer aux contrats et aux documents signés par nos instances et dirigeants politiques ? Cela rejoint le constat généralement admis : pour leur maintien au poste, ils vous signeront ce que vous voulez… Ce qui confirme par ailleurs le postulat de départ qui est souvent mis en pratique : « les gens ont la mémoire courte, avec le temps ils finissent par tout oublier… »

Pour ne pas oublier, et rappeler que les problèmes de novembre 2003 sont encore là, voici quelques extraits de ce document :

L’expérience de l’alternance a ouvert de nouveaux horizons pour le parti ce qui exige, lors du prochain congrès, une évaluation de l’expérience et de toutes les batailles qu’elle a nécessitées, en particulier celles concernant les élections législatives et communales précédentes. Parce que cette évaluation nous permettra de mesurer de manière précise et claire ce que cette expérience a accumulé comme acquis positifs, ce qu’elle a provoqué comme bouleversement et ce qu’elle a généré comme conséquences négatives qu’il sera nécessaire d’affronter. Les grandes aspirations que le peuple marocain a fondées sur cette expérience nous imposent une lourde responsabilité qui exige de nous la remise en cause et le réexamen nécessaires pour éviter tout échec ou retour en arrière.

Nous avons connu sous nos directions historiques un climat de consensus et d’unanimité qui a des avantages évidents. Mais ce climat a imposé au parti des entraves qui ont largement contribué à l’apparition du sectarisme, de l’égoïsme et de la perte de temps, dans des luttes marginales, dans l’absence des règles claires du fonctionnement, de l’évaluation de l’action et du dialogue interne. Et il est temps d’appliquer avec le début de cette nouvelle ère les règles de la gestion démocratique: l’élection, la concurrence loyale, la préservation des droits de la minorité et la garantie des conditions et des moyens permettant à la majorité d’appliquer son programme politique et organisationnel.

L’USFP un parti enraciné dans le tissu social marocain, avec des instances et implanté dans toutes les régions du Maroc, a connu ces dernières années un certain recul, en matière d’intégration dans ses rangs de nouvelles forces et de nouvelles générations.

Parmi les entraves de cet élargissement et de cette ouverture, il est à relever la lenteur de la communication au niveau des responsabilités à l’échelon local, national et régional, ce qui a engendré la constitution d’entités bureaucratiques liées à des personnes. Des liens, qui entravent une ouverture à même d’enrichir les instances du parti et de renforcer leur efficacité et présence. Dans la perspective de la nouvelle étape, il est devenu nécessaire de faire un effort important pour récupérer les compétences gelées, s’ouvrir sur toutes les synergies que recèle notre société et restructurer nos instances régionales et sectorielles pour qu’elles soient un pôle permanent d’attraits pour les compétences.

Les conditions favorables à cette approche passent nécessairement à travers la réorganisation interne, l’écoute des préoccupations des citoyens et la confirmation des références du parti, en tant qu’organisation démocratique, progressiste et socialiste qui milite en faveur des valeurs du progrès, de la modernité et de la solidarité.

S’il est vrai que chaque étape possède des méthodes de travail qui lui sont spécifiques, force est de reconnaître dans ce contexte que les appareils de l’USFP, et à leur tête, l’appareil du Bureau politique, ont besoin d’une réforme globale.

D’où la nécessité aujourd’hui et en vue de parvenir au septième congrès national du parti dans un climat marqué par des relations objectives et un travail commun et solidaire, d’orienter tous nos efforts pour la restructuration organisationnelle du parti, le renforcement de ses secteurs fondamentaux, notamment les jeunes et les femmes, l’élargissement de ses bases, la formation de ses cadres et la dynamisation de ses appareils nationaux et locaux.

Il faut s’interroger sur l’impact de l’érosion de l’autorité morale du parti sur ses appareils, structures et militants et l’un des aspects les plus dangereux de cette érosion est son atteinte au statut moral du Bureau politique dont les membres sont devenus la cible de campagnes empoisonnées, d’injures et de diffamation.

La continuité du laxisme et de la confusion ne peut conduire qu’à la réédition des scissions.

L’évaluation de l’expérience des institutions de l’USFP et notamment l’institution du Bureau politique a démontré qu’il y a trois questions sur lesquelles il faut convenir pour permettre à celle-ci d’être apte à remplir les tâches dont elle a la charge. La première est relative aux principes devant orienter l’action du Bureau politique et que nous devons adopter comme mécanismes régissant nos relations internes, diriger notre travail et être respectés par tous. Cela implique:
Primo: l’action collective et la répartition effective des responsabilités.
Secundo: le dialogue, la franchise et l’autocritique
Tertio : l’écoute et le respect de l’opinion différente
Quarto : l’évaluation continue du travail effectué comme moyen pour l’amélioration de l’efficacité et de la rentabilité.


A propos du groupe des ministres socialistes et sur la base de l’expérience au sein de l’actuel gouvernement, il nous faut réfléchir aux démarches que nous devons entreprendre pour dynamiser l’action gouvernementale et déterminer les questions à soulever au sein du gouvernement afin que l’USFP garde et défende l’initiative des réformes fondamentales conformément à ses propres engagements auprès des citoyens. Une telle option requiert une coordination ininterrompue et régulière entre le groupe des membres socialistes du gouvernement et les institutions du parti.