Loin des sentiments

Comment ne pas réagir à ce qui se passe à Gaza ? Et que dire ? Répéter les mêmes lamentations devant les atrocités commises par l’ennemi ? Entonner les mêmes slogans dénonciateurs, évoquant l’âme et le sang à l’unisson avec les plus rétrogrades ?

Souvent dans ces cas, je m’abstiens de trop consommer les commentaires occidentaux pour ne pas me laisser influencer par leurs commanditaires, plus proches de l’ennemi ! Je fais de la résistance à ma manière. Alors je me réfugie au Liban. Ce pays martyr, qui se voulait un modèle de diversité et de tolérance, la locomotive intellectuelle du monde arabe, le symbole de la réussite économiques sans ressources pétrolières, et qui est aujourd’hui en ruines, en proie aux convoitises des voisins…Je lis Assafir, car j’y trouve souvent des points de vue empreints d’objectivité et de bon sens. Un édito signé Houssam Aitani et intitulé : « Gaza, loin des sentiments ». Voici quelques extraits (excusez la traduction improvisée…) :

La cause palestinienne, n’est pas humanitaire, comme le pousserait à le penser l’actualité, elle est fondamentalement une affaire politique qui reflète tous les échecs de la région.

Il ne sert rien de continuer à blâmer l’ennemi, qui œuvre pour ses intérêts, si en premier lieu nous ne sommes pas capables de prendre conscience de nos intérêts propres, dans un monde qui ignore tous ceux qui n’en connaissent pas les lois.

Le pire, c’est que, pour confirmer la justesse de leur position face à l’occupant, les arabes font appel aux idées éculées, à l’opposé de la modernité. Comme le rappel de l’islam, sous une forme déformée produite par des cerveaux qui n’ont pas résisté au choc avec la modernité, pour constituer la solution unique à tous les problèmes des arabes.

Infantilisme politique qui renvoie tous les malheurs sur le complot de l’Occident, l’inconsistance des dirigeants arabes ou la corruption des régimes arabes. La justesse de ce diagnostic ne suffit pas pour expliquer les défaites successives depuis plus de soixante ans. Toute critique de la défaite passée prépare le terrain à la défaite suivante.

La relation ambiguë avec l’occident conduit à servir l’Occident colonialiste et à ignorer totalement l’Occident éclaireur.