Imintanout

Les pluies diluviennes qu’a connues cette bourgade, rongée par l’habitat anarchique, lobée dans le flanc de l’Atlas, sur l’axe Agadir Marrakech, ont fait des dégâts énormes. Deux morts, des disparus et aussi, logements détruits, voitures et marchandises emportées… Un bilan somme toute naturelle dans ce genre de catastrophe dont personne ne peut prévoir l’ampleur, puisque même la plus grande puissance de ce monde se fait encore surprendre.

Mais ce qui est moins naturel c’est le choix qui a été fait par les autorités. D’accord c’est jour de fête, les ressources et moyens sont à l’arrêt, d’accord c’est la route Marrakech Agadir, vitale pour l’économie marocaine puisqu’elle relie les deux villes les plus touristiques du pays et que par elle passe la majorité des produits à l’export, sans parler des voyageurs et marchandises nationaux. Mais le choix qui a été fait, devant l’urgence, de mettre le paquet uniquement pour l’ouverture de la route à la circulation, a semblé injuste aux yeux de la population locale.
Résultat: rassemblements, protestations, marches, sollicitations des responsables et, finalement, la décision de barrer la route a été prise et exécutée. A partir de 11h du matin jusque tard dans la soirée, des centaines de personnes se sont mises en travers de cet axe vital et plus aucun véhicule ne pouvait passer. Voitures, autocars, camions étaient bloqués sans information, sans itinéraire alternatif…
La loi de la foule en colère s’est imposée à tous, même aux gendarmes qui attendaient les ordres, qui ne venaient pas.
« -Mais pourquoi donc vous laissez encore passer les véhicules partant d’Agadir ou de Marrakech sans les avertir?
-Bien sûr que nous les avertissons!
-Et alors pourquoi il y en a encore qui viennent?
-On leur dit, on leur répète, mais ils ne nous font pas confiance! »

Le mot est lâché. Confiance. Entre les autorités et les populations, la confiance manque.
Avec le choix qui a été fait de se contenter de réouvrir la route sans s’occuper de l’adduction d’eau potable, ni d’apporter les secours indispensables et minimaux aux sinistrés, la confiance n’est pas près de revenir…