Elections, pour quoi faire?

Avec ce qui se passe au Pakistan on ne peut plus en effet faire l’économie de cette question.

Dans les pays où la démocratie est établie, les élections font partie d’un système accepté par tous. Un système où prévaut la justice, l’Etat de droit, un niveau de vie et de formation élevé et l’appropriation par le citoyen de son destin local et national. A partir des élections, comme mécanisme de sélection des dirigeants politiques, le régime démocratique assure stabilité, sécurité et la répartition la moins mauvaise des richesses. Les leçons apprises depuis la seconde guerre mondiale, déclenchée à partir du succès électoral de Hitler, ont permis d’apporter les corrections nécessaires. Aujourd’hui, même en temps de crise ou de ratage, ce système fonctionne et permet aux citoyens de profiter des bienfaits du régime qu’ils ont patiemment construit. La Belgique est restée six mois sans gouvernement, la majorité qui gouverne en Italie est à chaque vote mise à rude épreuve, le parlement japonais ne se lasse pas de changer de premier ministre, les allemands sont gouvernés par une grande coalition presque sans opposition. Mais la stabilité de ces pays ne s’en trouve pas remise en cause…

Est-ce que ce modèle est exportable, clé en mains, partout et dans toutes les conditions ? Poser cette question expose à toutes les accusations déjà connues. Mais lorsque l’on examine les faits, cette question devient légitime, n’en déplaise aux inconditionnels du bulletin de vote même s’il ne fait qu’envelopper les explosifs et servir de blanc seing aux dictateurs…

A Gaza, les urnes ont conduit à l’impasse. En Algérie, les élections ne servent à presque rien. Au Liban, elles ne sont même plus praticables. En Egypte, ou en Tunisie, elles ne serviront qu’à faire valider les décisions prises ailleurs. En Libye, la question ne se pose même pas. Résultat : tout cela conduit au discrédit total des élections et des régimes qu’elles sont supposer conforter. Elles deviennent même un facteur de violence, conduisant aux assassinats, aux divisions. C’est-à-dire au contraire même de ce à quoi les élections sont censées aboutir : la sécurité, la stabilité durable et la bonne gestion du bien public.

Réussir le régime démocratique suppose la reconnaissance par tous des règles élémentaires du fair play, l’acceptation du verdict et de la sanction. Et par-dessus tout, l’acceptation de la loi de la majorité. Mais que veut dire une majorité dans un contexte de tribalisme, de féodalisme, de pauvreté, de fatalisme ? Les majorités sont-elles immunisées contre les démagogues et les semeurs de violence ?