A propos du rapport sur le système éducatif

Le rapport 2008 sur le système éducatif marocain a été remis hier au Roi par le Conseil supérieur de l’éducation, organisme inscrit dans la Constitution.

A la lecture du document synthétique qui accompagne ce rapport volumineux, on peut répéter comme cela a déjà été dit que nous n’avons vraiment pas besoin des institutions étrangères pour nous éclairer sur le sujet.

Passons sur les avancées et les réalisations énumérées au début de cette synthèse, qui sont en fait tout à fait naturelles, et venons en aux problèmes évoqués et aux pistes indiquées.

Ce billet se limitera à copier fidèlement les citations prises dans ce document, tout en les classant dans un ordre différent.

Le constat :

– Trop d’élèves continuent d’abandonner le système sans qualification aucune, comme ce fut le cas pour près de 400 000 d’entre eux l’an passé dont plus de la moitié dans le seul cycle primaire
– La qualité des apprentissages fondamentaux (la lecture, le calcul, l’écriture, la langue) et les modes d’instruction, en termes de méthodes et d’outils didactiques, demeurent lacunaires
– Une appropriation hésitante de l’arabe malgré les 3800 heures d’enseignement dispensées dans cette langue au terme de la scolarité obligatoire
– le divorce entre nécessités du monde du travail et capacités

Bref :

Notre école continue d’exclure, au lieu d’être un creuset inclusif au service de l’égalité des chances.

Tentative d’explication :

– polarisation idéologique qui a souvent relégué l’intérêt de l’apprenant derrière certains intérêts particuliers.
– malgré l’adoption d’un mode de gouvernance plus souple et aux prérogatives étendues au niveau des académies, le système n’a pas encore pu ouvrir certains chantiers difficiles, tels que
– l’évaluation ou la responsabilisation des agents, (absentes)
– degré d’engagement des enseignants, (faible)
– l’arabe classique dont l’utilisation effective est trop restreinte pour atteindre un niveau d’assimilation satisfaisant,
– la dépense éducative par élève reste à des niveaux bas, souvent moins de la moitié que celle de pays voisins à niveau de développement comparable.
– la contribution des collectivités locales ou du secteur privé demeure anecdotique.
– Le cercle vicieux de la démobilisation et de l’insuffisance de la qualité.
– Le suivi pédagogique par les parents et leur vigilance, (insuffisants)

Quelques pistes :

– Apporter des réponses nouvelles aux problèmes de l’absentéisme injustifié, des cours particuliers rémunérés et du recours du secteur privé à des ressources employées par le secteur public.
– La promotion de la langue arabe devrait faire l’objet d’un effort spécifique, avec une modernisation de son enseignement et le développement de tests standard mesurant régulièrement son niveau de maîtrise.
– Parvenir à mieux inséminer un esprit critique, d’initiative, d’entreprise et de mobilité et la culture économique, notamment à travers des stages en entreprise et en milieu associatif.

Au total, l’école a besoin de soutien pour améliorer les conditions d’enseignement ou pour être soulagée des problèmes qui la dépassent (conditions sociales, violence) et nécessitera davantage d’attention de la sphère intellectuelle, médiatique ou politique.

Tout cela est bien, excellent. Notamment au regard de cette dernière citation, qui définit en quelque sorte les termes de référence d’une initiative comme celle qui est menée par les blogueurs et qui se réunissent justement ce dimanche 20 avril pour en discuter.

Mais pour ma part, je relève quelques lacunes. Elles sont symbolisées par l’absence des mots clé suivants : Religion, Darija, Citoyenneté, Technologie.